Salut à tous, je suis Benjamin, le papa de Manon.C’est moi qui écris pour elle car Manon n’est pas encore en âge d’écrire. Elle est en âge de parler mais à cause d’un handicap qu’on connaît encore mal, elle parle peu et a un retard global de développement - quoiqu’elle soit aussi chipie que sa grande soeur Romane (qui a 8 ans et demi), et aussi tendre que sa mère Sylviane.Manon a 5 ans, elle est en âge d’aller à l’école alors elle y va - ça fait partie des fiertés de notre pays que tout le monde aille à l’école, et de la nôtre que Manon y soit bien accueillie.Le handicap en revanche, dans la vie de tous les jours, il a du mal à être accueilli et ça nous a demandé beaucoup d’efforts, de préoccupations, de batailles pour que ça ne se répercute pas sur Manon. Parfois, la bataille, elle est tout simplement financière : Sylviane s’est mis à temps partiel pour pouvoir pallier toutes les situations où Manon n’avait pas d’auxiliaire, et puis l’emmener à gauche à droite à tous ses rendez-vous médicaux (psychomotricienne, orthophoniste, etc.).À un moment je me suis retrouvé au chômage, pas de bol mais à ce qu’il paraît on va bientôt être 10 millions dans ce cas, dont je cherche pas à vous apitoyer sur mon cas ! J’en ai profité pour prendre le relais de Sylviane, comme un parfait papa à la maison, tandis qu’elle pouvait retourner travailler à temps plein à l'hôpital (elle est infirmière), et équilibrer un peu les finances.Et puis, quand on s’est dit qu’avec deux boulots dans le foyer, on aurait les coudées un peu plus franches, j’en ai profité pour oser m’attaquer à un rêve que j’avais depuis un moment : commencer une exploitation maraîchère. Je n’y voyais que des bons côtés : nourrir mes proches avant de commercialiser le surplus, me consacrer à une activité utile à tout le monde - bien manger c’est un droit fondamental. Malheureusement après avoir passé un an à monter ce projet, après avoir trouvé la personne de mon entourage qui s’engageait à me vendre une terre agricole dans les Hautes-Alpes, après avoir trouvé la maison qui allait bien, un atterrissage professionnel pour Sylviane, et les services médicaux pour Manon dans le secteur, après avoir vendu l’appartement dans lequel on habitait : il y a eu un gros coup dur pour venir tout flanquer par terre. La personne qui me vendait sa terre s’est ravisée le jour où on est arrivé sur les lieux - avec un camion de déménagement bien ventru. Si, si, ce n’est pas un canular ou une fiction-mélodrame. Comment avions-nous pu lui faire confiance me direz-vous ? C’est vrai que j’ai oublié de vous dire : cette personne, c’était la mère de Sylviane. Quelqu’un nous a dit récemment, comme pour nous aider à mesurer l’ironie de la situation : « Mais avec cette histoire, vous pouvez faire un nouveau best-seller à la Victor Hugo!» Ce n’est pas vraiment mon intention. D’abord par ce que je ne me sens pas de talent hugolien. Puis parce que je n’ai pas la fibre misérabiliste ! Nous ne cherchons pas à faire pleurer dans les chaumières, mais nous avons décidé de chercher patiemment tous les moyens de nous sortir de cette affaire, qui commence à nous peser c’est certain. Alors voilà, puisque le projet professionnel et géographique sur lequel nous avions porté nos espoirs et notre détermination ne peut pas avoir lieu, on a décidé de changer notre fusil d’épaule.Je vais commencer une formation, qui n’a rien à voir, mais qui se trouve dans un domaine qui m’avait déjà tendu les bras à plusieurs reprises, et qui, dans le fond, me plait beaucoup : le développement web.Sylviane devra pendant les quelques mois que dure la formation, s’arrêter de travailler pour s’occuper à plein temps de Manon, et aussi bien sûr de sa soeur Romane, on ne l’oublie jamais.Ma formation a un coût, ni exhorbitant, ni bradé ; un coût de formation professionnalisante quand-même. Comme pour rester fidèle à la tonalité du roman, Pôle Emploi m’a annoncé qu’il ne fallait pas espérer qu’elle soit prise en charge par eux - en ce moment ils donnent la priorité à ceux qui n’ont pas le bac, c’est bien la première fois que je me sens surqualifié à ... Bac + 0 ! Qu’importe.Au fait, cette formation est dispensée par une boite qui s'appelle Le Wagon (d'où le titre très original de la cagnotte !!).Bref, soustraction faite de ce qu’on peut mettre de nos économies, on cherche à rassembler une somme équivalente à 3500€ et on sait qu’on s’en sortira. On s’est bien amusés à trouver toutes les contreparties symboliques qui puissent nous permettre de vous remercier pour votre aide, qu’elle soit grande ou petite, elle nous permettra surtout de regagner l’élan que parfois on perd, quand il y a un peu trop de pas-de-bol, ou un gros début de ras-le-bol. Mais sachez que c’est dans ce contexte un peu nuageux qu’on trouve de la fierté à croire encore à l’idée de solidarité, à vous savoir prêts à la faire vivre autant que nous le ferons le jour où on sera sorti du brouillard.Merci d'avance à toutes celles et ceux qui pourront nous aider dans cette aventure, chacune et chacun à son niveau, et même si cela consiste simplement à se faire le relais de cette cagnotte.Un merci particulier à Julian, pour l'aide qu'il m'a apporté pour ce texte. Sa plume est aussi précieuse que son amitié.