2ème appel 24/11/2022
« Tu m’écrases, je t’écrase » Sahra, 24 ans, Aubagnaise, vient de passer 5 mois aux Baumettes, en détention préventive. Elle est accusée d’avoir tenté de tuer son (ex) compagnon. Dans la nuit du 12 juin dernier, après une énième « dispute », elle aurait pris sa voiture, dans le but de lui rouler dessus. Le lendemain, sa mère rapporte que Sahra ne donne aucune indication sur les faits de la veille. En état de choc, le regard dans le vide, elle répète seulement « mais pourquoi il a recommencé ».Comment en est-elle arrivée là ? Quel est le contexte de cette tentative d’homicide ? L’homme qui « accompagnait son quotidien » depuis 6 ans la menaçait sans cesse, la frappait, lui confisquait son téléphone, l’espionnait, la suivait, s’introduisait sur son lieu de travail et de formation, son domicile... (témoignages à l’appui) Sahra n’est pas restée sans rien faire. Elle s’était rendue au commissariat deux fois ces derniers mois, pour déposer une main courante et une plainte qu’elle a finalement modifié en minimisant les faits, sous l’emprise de cet homme et sous la pression des policiers qui lui ont indiqué qu’avec ce témoignage, son copain risquait une condamnation en prison... Celui-ci aurait d’ailleurs un casier pour d’autres faits de violence.
Il n’a donc fait l’objet que d’un stage de sensibilisation aux violences sexistes. Manifestement, ce « stage » n’a pas suffi... Elle a continué d’être insultée, humiliée, violentée. Poussée à bout, Sahra n’a pas trouvé d’autres outils pour se défendre face à la domination patriarcale et à la justice sourde à ces cris d’alerte. A peine majeure, elle se retrouve désormais seule plongée dans la machine judiciaire et carcérale. Mise en liberté conditionnelle le 18 novembre, elle doit payer une caution faramineuse. Après 3 demandes de son avocate, sa liberté est accordée sous les conditions suivantes : interdiction de résidence à Aubagne où elle travaillait et où se trouve toute sa famille, 15 000 € de caution, dont 5000 comptants, puis 500 € par mois pendant 20 mois.Notre demarche, contribuer à - Payer les frais d’avocat - Payer la caution- Rendre son quotidien moins invivableAujourd’hui, l’enjeu est d'obtenir une requalification de la peine en correctionnelle. La « victime » s’est constituée partie civile, et s’oppose à requalifier les faits. Ses séquelles sont minimes.Nous refusons d’abandonner Sahra à son triste sort. La situation qui l’a amené à agir ainsi est plus complexe, comme pour de nombreuses femmes victimes de violences puis incarcérées.Dans cette société hétéro-patriarcale, où les femmes subissent systématiquement la violence, au taf et à la maison, dans la rue ou dans la famille, dans les lieux publics comme privés...Nous n'attendrons pas l'approbation, de cette société pour légitimer notre droit à nous défendre et à riposter face à l'injustice Signé : Des ami-e-s, des collègues, des sœurs, des militant-e-s.
1er appel juin 2022
Liberté pour Sahra
Le dimanche 12 juin 2022, Sahra est interpellée dans le commune d'Aubagne, placée en garde à vue, déférée au tribunal, et mise en détention, sous le chef d'inculpation : "tentative d'homicide volontaire". Sahra est accusée d'avoir voulu attenter aux jours de son ancien compagnon, en le renversant avec sa voiture le matin même.
Nous sommes des amies, des collègues de travail, des militant.e.s investi.e.s dans des associations, organisations, ou collectifs féministes, anti-autoritaires...
Nous souhaitons inscrire les faits dans un contexte sociétal plus large, et revenir sur leur traitement médiatique. Nous souhaitons aussi apporter notre soutien à Sahra, qui, à 24 ans, se retrouve seule face à la machine judiciaire et carcérale.
Sahra était depuis 6 ans dans une relation de couple toxique et violente : surveillance constante de ses faits et gestes, fouille de son téléphone, intrusions sur son lieu de travail, son lieu de formation, à son domicile, surveillance de ses fréquentations, insultes, menaces, coups... Autant de pressions psychologiques et physiques qui ont empêché Sahra de s'extraire de ce rapport d'emprise. Comme beaucoup de femmes, structurellement conditionnées à être du côté du soin, à être une "fille bien" et à s'occuper des autres avant soi-même, Sahra était soumise à chantages et culpabilisation.
Un jour, elle craque.
Cet acte est la suite logique/tragique d'une longue liste de violences subies, de privations d'autonomie, de rabaissements quotidiens.
Un journaliste (La Provence) a relaté les faits et accuse Sarha sans les inscrire dans leur contexte : "Ce couple séparé, [...] traverserait des tensions depuis plusieurs années". Nous disons ici que prendre le téléphone d'une personne pour fouiller ses contacts, lui reprocher sa tenue, son attitude, l'insulter, la frapper, ne sont pas "des tensions" mais des violences. Nous constatons encore que la presse accorde des présomptions d'innocence aux dominants, mais qu'elle rend coupable de violence les dominé.e.s.
Nous refusons d'abandonner Sahra à son sort, au seul titre d'un acte répréhensible. La situation qui l'a amenée à agir ainsi est plus complexe qu'on ne le pense, comme pour de nombreuses femmes victimes de violences et incarcérées.
Aujourd'hui, nous lançons un appel à solidarité pour couvrir les frais de défense de Sahra (3600€ de frais d'avocat sur la première tranche), et pour l'aider à survivre pendant son incarcération, cantiner notamment. Elle sera défendue par Maître Céline CARRU, avocate pénaliste spécialisée, inscrite au barreau de Marseille.
Collectif féministe Dijon
maxime pizzuto
Perrine CALINE
Soutien Marseille
soutien concert
Rom Fra
Anonyme
Anonyme
CFM CFM
Anita Valles