Casse-Couilles ? : une exposition sur la contraception testiculaire

Bonjour!

Je m’appelle Pauline, je suis étudiante dans le Master Expographie-Muséographie de l'Université d'Artois et j’ai conçu l’exposition Casse-Couilles ?, consacrée à la contraception testiculaire.

D'abord simple projet de fin d’études, cette exposition a petit à petit pris de l'ampleur à force d'échanges et de rencontres. Elle sort maintenant du cadre strictement étudiant: elle est aujourd'hui vouée à vivre au-delà de la formation.

Casse-couilles ? se propose de répondre au réel besoin d’un outil de médiation libre et autonome qui vienne compléter et supporter le travail des collectifs, associations et groupements d’usagers engagés dans la diffusion de la contraception testiculaire.

Le Cœur des Zobs, Bobika, Dargaud, 2022

Pourquoi cette exposition ?

La contraception serait par nature dévolue aux personnes nées avec des ovaires.

Ah bon?

Incontestablement outil d’émancipation dans les années 70, la contraception, telle qu’elle se développe depuis lors, en France, n’a pas moins créé de nouveaux déséquilibres dans nos vies sexuelles et perpétuer des rapports de genres inégaux.

Cette exposition a ainsi pour volonté de questionner nos habitudes et les rapports de genres qui se jouent dans la répartition ou non-répartition de la charge contraceptive.

Cette exposition interroge la naturalisation de la contraception comme dévolue aux personnes à ovaires, et montre que notre perception moderne de la contraception n’est ni unique, ni universelle, ni immuable mais qu’elle est historiquement et géographiquement située.

Cette exposition montre que d’autres dispositifs de contraception existent pour les personnes nées avec des testicules, qu’ils soient reconnus ou en cours d’expérimentation. Il s’agit de rendre visibles ces dispositifs et d’interroger la réécriture des rapports de genre, et notamment de la masculinité, permise par leur développement.

Cette exposition n’a pas pour volonté de convertir. Elle n’est pas une injonction à utiliser la contraception testiculaire au détriment d’autres contraceptions. Elle est pensée comme un cheminement réflexif pour interroger nos habitudes, nos normes, nos impensés et permettre un choix libre et conscient, en adéquation avec nos envies et nos besoins.

Cette exposition pour qui ?

L'exposition Casse-Couilles ? s’adresse à toute personne, sans distinction de sexe et de genre, dès 13 ans. Plus largement, elle s’adresse à toute personne susceptible d’utiliser une contraception, à celles qui s’engagent dans la vie sexuelle et pour qui tout est encore à construire et à imaginer ; à celles qui se questionnent et souhaiteraient vivre leur vie sexuelle autrement ; à celles qui ne se questionnent plus, pour qui tout va de soi dans le meilleur des mondes.

Cette exposition est pensée comme un dispositif itinérant qui puisse être accueilli par les associations engagées, les collectifs militants, les réseaux de centres de santé sexuelle, ainsi que les lycées, les campus et les associations étudiantes.

Cette exposition comment ?

Réfléchir et s’amuser ne sont pas incompatibles!
Casse-couilles? est conçue comme une exposition ludique, laissant la place à l’humour et au jeu. Car même s’il s’agit de parler de responsabilité, de partage de charge, de remise en cause, il ne faut pas perdre de vue que la contraception est liée au plaisir sexuel et qu’elle est aussi un outil pour faire l’amour en paix. Elle est composée de nombreux jeux et dispositifs interactifs pour inclure le visiteur et faire de lui, non pas un spectateur passif, mais l’acteur de ce questionnement intérieur.

Casse-Couilles? est une exposition sensible, inclusive, respectueuse des choix et du parcours de chacun·e. Elle n’est ni moralisante, ni prescriptive, ni stigmatisante. Elle est conçue comme d’un parcours non-linéaire afin que chacun puisse créer son propre cheminement à l’intérieur de l’exposition.

Casse-couilles? emprunte le ton, les couleurs et les formes de la bande-dessinée afin d’introduire une distance humoristique pour aborder ce sujet intime. L’auteur et dessinateur Bobika prête son crayon pour signer une partie du graphisme de l’exposition. L’exposition met en scène le cheminement de Jil et Jo, deux personnages en quête d’une autre contraception. Né·e avec des ovaires pour l’un·e, né·e avec des testicules pour l’autre, ils ne sont pourtant pas genrés afin de distinguer le sexe et le genre et de ne pas réduire la contraception testiculaire aux couples cis et hétéronormés.

Casse-couilles? est conçue comme un outil autonome et autosuffisant, ouvert à la visite libre mais aussi comme un support pour mener des ateliers de médiation, des conférences, des débats, des groupe de paroles, des ateliers de confection.

Cette exposition à quel prix ?

Le budget final de cette exposition est aujourd'hui estimé à 1500€ de matériaux et des dizaines d'heures de travail, d'échange et de conception en collaboration avec les différents partenaires. Ce projet est entièrement bénévole. La somme initiale engagée n'est aujourd'hui plus suffisante : nous avons besoin d'un soutien financier pour compléter l'achat de matériaux et pour permettre la réalisation de l'exposition. La scénographie de Casse-couilles ? a été pensée en bois et en tissus.

Ainsi pour voir le jour, pour emporter ses futurs visiteurs dans un voyage intérieur et sensible à la rencontre de la contraception testiculaire, cette exposition a besoin de vous.

Alors concrètement, qu’est-ce que «Casse-couilles?»

L’exposition Casse-couilles ?
présente différentes méthodes contraceptives possibles pour les personnes nées avec des testicules, comme Jo. Elle veut porter à la connaissance de toutes et tous des procédés encore peu familiers afin de permettre à chacun·e de faire des choix libres et éclairés. Elle adopte un angle sociologique et anthropologique plutôt que scientifique.

Elle se compose de 6 séquences. La première séquence d’ouverture, passage obligatoire pour tout·e visiteur·se, sert de porte d’entrée à l'exposition. Les 5 séquences suivantes, numérotées, ici afin de faciliter la compréhension, pourront être explorées dans des ordres différents sans nuire à la compréhension.

• Séquence d’ouverture: Toutes pour une et une pour toutes!

Cette séquence préliminaire a pour objectif d’introduire le sujet de la contraception testiculaire en sensibilisant les visiteurs au déséquilibre manifeste entre le nombre de contraceptions aujourd’hui disponibles et reconnues en France pour les personnes nées avec des ovaires, comme Jil et celles disponibles et reconnues pour les personnes nées avec des testicules comme Jo. En partant de ce déséquilibre flagrant elle cherche à produire un choc et susciter l’envie de trouver d’autres modèles, d’autres solutions.

• Séquence 1: Baiser à la française, se contre-accepter aussi?

La séquence 1 déconstruit l’idée que la contraception est naturellement «une affaire de femme». Elle s’attache à démontrer que la norme aujourd’hui valable en France est culturelle, relative, récente, qu’elle est le fruit d’une construction. Dès lors qu’elle est construite, cette norme peut être déconstruite.

Pour ce faire, cette séquence met en regard les chiffres de la contraception en France avec ceux de différents pays européens et extra-européens et se penche sur l’invention de la pilule.

• Séquence 2: Une affaire de testicules

La séquence aborde la contraception testiculaire sous l’angle du corps et de la biologie. Elle a pour objectif d’expliquer les différentes manières de contrôler la fertilité des personnes nées avec des testicules et de présenter le mode d’emploi des différentes méthodes. Pour se faire, elle explique le processus de spermatogenèse et le fonctionnement de l’appareil génital dit masculin. Son objectif sous-jacent est de sensibiliser les personnes nées avec des testicules au fonctionnement de leur corps et à leur responsabilité dans le processus de procréation.

Séquence 3: In slipo virilitas, la virilité est-elle dans le slip?

La séquence a pour objectif de montrer que la contraception testiculaire, en posant un autre rapport au corps, fait bouger les frontières de la masculinité. Elle se penche sur les stéréotypes entourant la contraception testiculaire et démontre que le rejet de la contraception testiculaire est en partie liée à la construction de nos idées de genre. Elle se termine en lumière avec une galerie de sous-vêtements contraceptifs aux esthétiques plurielles.

• Séquence 4: Un système D...Débats, Doutes et Dérives

Cette séquence alerte sur les dérives potentielles de la contraception testiculaire sans pour autant induire un sentiment de peur et de rejet auprès de visiteur. Elle met en tension deux courants de pensée : les mouvements féministes d’une part et les mouvements masculinistes d’autre part.

Son message est : il faut rester alerte et conscient des dérives possibles.

• Séquence 5: Cré-action!

La séquence 5 est une pause dans le cheminent, une parenthèse ouverte pour se poser et engager un dialogue intérieur. Composée de lectures et de témoignages audibles, elle se présente comme une l’antichambre de la mise en action, quelle qu’elle soit.

Cette exposition avec qui ?

• Pauline Dancin, étudiante en Master Expographie-Muséographie de l'Université d'Artois, pour la conception et la réalisation de l'exposition.

• Bobika, dessinateur et auteur de la bande-dessinée Le cœur des Zobs, pour la conception graphique.

• Thomas Bouloù, collectif breton qui travaille sur la contraception testiculaire et la responsabilité masculine, pour la fabrication de sous-vêtements contraceptifs et l'expertise.

• Le Plannings Familial 45, avec Julie Cabedoce, personne ressource, pour le don de contraceptifs et l'expertise.
• Docteur Violaine Roujou, personne ressource, pour l'expertise .

• Maxime Labrit, concepteur de l'andro-switch, acteur et formateur dans le domaine de la contraception testiculaire, pour l'expertise.