Nos élèves de la cité des Rosiers ont faim !
La majorité des familles vivait de travail au black, parfois de recup ou de mendicité.
La cantine, gratuite pour les familles les plus pauvres, était parfois le seul vrai repas de la journée pour les enfants.
Depuis plusieurs jours, avec l'aide d’une maman des Rosiers et de ma binôme, nous travaillons sur une liste de besoin des parents de nos élèves.
Nous avons plusieurs besoins :
- de l'argent. C'est vraiment le nerf de la guerre.
Cet argent est redistribué aux familles pour qu’elles puissent faire des courses ou payer leurs factures (ça n’est pas le moment pour elles de se faire couper l’électricité).
- des courses de produits alimentaires de première nécessité (hallal, la plupart des familles sont musulmanes)
- des courses de produits d'hygiène et d'entretien
- des trucs pour les bébés : lait de 3 mois à 3 ans, couches pareil. Les enfants grandissent très vite à cet âge, les vêtements sont aussi les bienvenus, même si l’urgence est moindre.
- des courses de trucs chouettes qui massacrent l'équilibre alimentaire (bonbons, gâteaux, chocolat) et qui permettent de trouver le temps moins long quand on est confiné dans un appartement insalubre avec vue sur la tour d’en face, sans ordinateur, sans site de vidéo à la demande, parfois même sans bouquin.
- des choses pour que les gosses s'amusent : feutres, cahiers de dessin, albums jeunesse, jouets, jeux de société.
- des bras pour faire des courses ou nous aider à apporter ça aux Rosiers. Les familles sans papier n’osent plus sortir, la multiplication des contrôles rendant leur situation encore plus difficile qu’elle ne l’était. De nombreuses familles sont monoparentales et c’est une vraie galère pour les mamans d’aller faire leurs courses avec leurs enfants. Les actes les plus simples de la vie quotidienne sont devenus compliqués.
Je sais qu'en ce moment, des gens ont peur pour leur vie ou celle de leur famille. J'ai la chance que ça ne soit pas mon cas.
Mais j'ai peur que mes élèves ne meurent de faim avant la fin du confinement. J'ai peur de ne pas retrouver ma classe au complet quand je retournerai à l'école dans quelques semaines. J'ai peur que ma petite tribu de 7 ans ne soit décimée par la misère et l'abandon des pouvoirs publics avant de l'être par la maladie.
benoit guillaume
Pascale Brandt-Pomares
Noémie Prophèttā
Valerie Porta
antonin boyer
Manon David
Anne Guiot
Laurence Malagamba
pierre luciani
gerard Bidet