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Aider Emmanuel à sortir de la rue

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Créée par Emmanuel C

pour Emmanuel C

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Tomber si bas.

Personne ne l’imagine. Finir dans la rue c’est comme un cancer qui vous tombe dessus, avec aussi peu de chance d’en sortir indemne, mais on pense que ça n’arrivera qu’aux autres. A 57 ans je me considérais à l’abri et la surprise a été d’autant plus violente : je suis désormais SDF. J’ai rejoint l’armée des ombres, je vis dans la rue comme des milliers de sans-abris à Paris.

Une armée de fantômes, car invisible par tous, à commencer par l’Etat. Nous sommes totalement abandonnés et les nôtres meurent par milliers dans l’indifférence la plus totale, dans la précarité et l’ordure. Le social en France n’est qu’une mascarade, il n’y a pas de politique de logement pour les exclus, les gouvernements successifs ont depuis longtemps démissionné de leur rôle dans notre prise en charge, au profit des ONG qui en font un véritable business sans nous apporter d’aide réelle.

Les multiples associations censées nous aider touchent des deux côtés, de l’argent public et de l’argent privé, et ne veulent surtout pas que ça change, donc, que l’on retrouve une place dans notre société. La mafia du coeur. Une soupe chaude, un café, et ça s’arrête là. Circulez les miséreux, il n’y a rien à voir, ni à attendre. Les responsables politiques ne font rien non plus donc, pour que l’on reste un éternel argument électoral. Tous, régulièrement, défilent pour jurer que s’ils sont élus, il n’y aura plus aucun SDF. Mais ils ne le veulent absolument pas. J’ai laissé 80 messages à Eric Lejoindre, le maire du 18e, mon ancien arrondissement, mais il n’a jamais eu la moindre réaction.

La descente aux enfers progressive, la déchéance programmée, et pour finir, la mort un soir sur un trottoir quelconque. Voilà ce qui nous attend. Au jour d’aujourd’hui, on guérit de la drogue mais pas de la rue.

La seule alternative qui reste à un SDF c’est de choisir de devancer l’échéance...en se supprimant. La première pensée de la majorité des sans-abris le matin est de se suicider, et la dernière quand une nouvelle nuit dans le froid commence, c’est de regretter de ne pas l’avoir fait. Il y a une phrase, banale, que tout le monde dit au moins une fois par jour, mais qu’un SDF ne dira jamais plus : « Je rentre chez moi. »

Mise à jour du Lundi 13 février : Un million de mercis, au minimum, à toutes celles et tous ceux qui me tendent la main depuis la diffusion de la vidéo, vendredi. J'aimerais vous prendre chacun dans mes bras et vous embrasser. Je n'arrive toujours pas à y croire. En quelques 48 heures, un nombre impressionnant d'entre vous a plus fait pour moi sans me connaître, que l'Etat dont la mission est d'aider la population dans les situations d'urgence. Chacun d'entre vous a accompli en quelques heures ce que des élus grassement payés par l'Etat ne font pas en une carrière. Prenez soin de vous, que Dieu vous garde.

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